La zone entre le Palais des Congrès et les anciennes Tréfileries Réunies s‘est considérablement transformée ses dernières années, passant d‘un espace industriel périphérique à un quartier résidentiel urbain avec son grand espace public composé d‘un parc et d‘une place. La coupole, dernier témoin du passé industriel du lieu, constitue symboliquement le centre et la ligne de démarcation de ces deux sous-espaces. Le Palais des Congrès, qui a longtemps fait face à une station-service et un parking, bénéficie désormais d’un grand espace vide comme nouveau vis-à-vis. Le sol fortement pollué a fait l‘objet d‘une onéreuse opération de décontamination et les places de parc se retrouvent aujourd’hui dissimulées en sous-sol. La ville de Bienne s‘offre finalement un grand espace ouvert, libre de toute construction.

C’est sans compter que cette nouvelle échelle urbaine est mise à mal avec des ensembles conçus de manière très uniforme. La surface végétale et minérale de l’Esplanade (11 000 m²) est surdimensionnée et reste inutilisée, sauf lors de quelques grands évènements. Pour des raisons évidentes, pensons-nous. L‘ensemble urbain manque de vie. Les arbres récemment plantés sur l’Esplanade Laure-Wyss semblent pourtant indiquer que ses lacunes ont été identifiées. Le trafic étouffant à proximité, la qualité d’accueil insuffisante, le manque d’ombre et l’activité limitée des bâtiments environnants n’encouragent pas vraiment les rencontres informelles sur ce lieu.

Dans l‘esprit d‘une initiative citoyenne, nous avons réfléchi à une revalorisation précieuse, simple, viable et écologique de l’Esplanade : Vision Esplanade 2024

le Texas s’acclimate : L‘herbe, les plantes vivaces, les arbustes, et enfin les arbres se développent progressivement dans l‘œuvre d‘art intitulée «Texas». Ce qui y prend racine est offert par le sol et complété au gré des mouvements du vent. Protégés par la clôture blanche, la flore et la faune se développent au cœur de la ville et de nouveaux habitats apparaissent au fur et à mesure. Des interventions douces et contrôlées empêchent les espèces problématiques de s‘établir, tout en interférant le moins possible dans le processus créatif de la nature. Une plantation initiale annonce le changement et garantit la visibilité dès les premiers instants.

La sculpture «TEXAS» se métamorphose et apporte une véritable plus-value à la ville, à la population, à la diversité des structures et au climat urbain. De manière tout à fait symbolique, la nature est domptée par la clôture existante. Le double vide très intellectuel (place et œuvre d‘art) est remplacé par le thème de la relation entre les êtres humains et la nature. L‘œuvre d‘art évolue d‘une fin en soi vers une utilité collective. Cela ne pourrait pas être plus actuel.

Les enfants utilisent les gradins pour observer la nature et son évolution. Au fur et à mesure que les plantes poussent, le rapport de l‘observateur à l‘objet observé se modifie. «TEXAS» prend une autre dimension, s‘adapte et s‘acclimate à son milieu. Une riche composition au lieu d‘une prairie aride avec des gradins, des arbres rafraichissants au lieu d‘une chaleur torride et des réservoirs d‘eau (ville éponge) au lieu d‘une friche sèche. La place obtient ainsi de nouvelles proportions et une limite claire avec la rue de l‘Argent. La situation des immeubles d‘habitation environnants est améliorée.

La proposition de Studio WOW et de ses compagnon·ne·s de route offre une utilisation polyvalente et quotidienne de la place. En s’appuyant sur l‘existant, cette solution économique anime le lieu et répond aux exigences urbaines actuelles en période de changements climatiques et de ressources financières limitées. L‘Esplanade devient un lieu de rencontre et de convivialité. Un phare au cœur de la ville des possibilités.