Type de projet : Travail de master (en architecture)
Date du projet : Janvier 2024
Auteur du projet : Nathan Boder
Institut : HSLU (Haute école de Lucerne)
Dans cette thèse de Master en Architecture, deux thèmes majeurs convergent : le retour de la production en ville et le stockage temporaire du carbone à travers la construction en bois. L'objectif est d'apporter une intervention tangible au cœur de la zone industrielle de la Güterstrasse de Berne.
L'exploration initiale se concentre sur l'importance de la zone industrielle dans le centre-ville. Inspirée par le plaidoyer de Dieter Läpple, sociologue allemand, l'étude met en lumière les impacts économiques, durables et sociaux positifs du retour de la production en ville. Elle s'engage également à relever le défi climatique majeur en proposant une solution innovante pour le stockage temporaire du carbone, tout en respectant les normes suisses telles que la SIA 2032 (L’énergie grise – Établissement du bilan écologique pour la construction de bâtiments).
La proposition architecturale incarnée par la "Machine à fabriquer" combine harmonieusement ces deux axes. Elle intensifie la production par la création d'espaces dédiés et encourage l'intégration sociale grâce à des infrastructures créatives telles qu'un café, des ateliers équipés et une salle polyvalente. C'est dans le choix de la conception spatiale et des matériaux que ce projet répond aux préoccupations environnementales.
Afin de limiter autant que possible les émissions de CO2, différentes stratégies ont été employées, notamment la conservation des bâtiments existants ou encore la renonciation à la mise en place d’un sous-sol. Cependant, c’est dans le stockage du carbone biogénique que ce projet fait la différence. Pour comprendre le principe, il s’agit de valoriser le CO2 contenu dans le bois principalement. Les arbres lorsqu’ils se développent absorbe une certaine quantité de CO2 qui n’est rendu que lorsqu’ils sont brûlés ou décomposés. Il s’agit d’une équation équilibrée. Dans cette optique, tant que le bois n’est pas brûlé et qu’il est conservé dans le bâtiment, le CO2 reste emmagasiner dans la structure.
Aucun matériau n'a été utilisé de manière forcée, ce qui a permis d'éviter l'utilisation excessive de fibres naturelles qui auraient pu être utilisées de manière disproportionnée pour augmenter la capacité de stockage de carbone du bâtiment. Au lieu de cela, il est important d'utiliser chaque matériau avec parcimonie, en les traitant tous comme des ressources rares. En fin de compte, la plus grande réussite du bâtiment est un chiffre : 1'531 tonnes de CO2 stockées temporairement dans le bâtiment (777 tonnes de CO2 quant à elles seraient nécessaires pour sa construction).
Ainsi, la Güterstrasse devient le théâtre d'une renaissance industrielle, où économie, durabilité et préoccupations sociales se mêlent. Cette proposition émerge comme un exemple possible qui respecte le passé (maintien des bâtiments existants) tout en s'adaptant aux besoins d'aujourd'hui, ouvrant ainsi des perspectives prometteuses pour l'avenir de cette zone industrielle.